Rétention - Note d'intention

 

Dans mon travail chorégraphique je tente d’explorer dans la danse des territoires nouveaux, de provoquer des ruptures avec mes bases arrière. Dans cette pièce, cinq personnages, cinq situations de rétention superposées pour créer une communauté en rétention. Il s'agit d'avoir la force de franchir ses propres limites et d'aller vers l'autre, même si ce dernier n'est pas prêt à vous recevoir. L'autre n'est plus composé d'a priori mais devient de la matière avec laquelle il faut vivre, avec laquelle il faut réagir.

 

Dans un va-et-vient entre danse retenue et lâcher-prise, les quatre danseurs implosent dans un huis clos symbolique. Ils évoluent dans une danse interne, répétitive, personnelle. Ils convoquent un état de corps précis qui cherche d'abord à faire évoluer de l'intérieur. Dans le travail chorégraphique envisagé avec les danseurs, être en rétention ne signifie pas être à l'arrêt. L'état de rétention consiste à se rapprocher d'une limite sans s'arrêter et sans exploser, tout cela en continuant à danser. Cela revient à garder sous contrôle son corps et ses émotions. Si l'on arrête de tout contenir, on doit d'abord prendre le temps de renoncer à bouger, ensuite lâcher prise et enfin tenter de retrouver un mouvement juste.

 

En rétention deux choix sont possibles : laisser sortir, exploser et en assumer les conséquences. Ou attendre et compter le temps où l'on va rester enfermé seul avec ses pensées, ses préjugés, ses prières, ses peurs. C'est là que se situe le spectacle. Cinq personnages vont évoluer, s'exprimer et sortir de cette léthargie réflexive. Les émotions seront canal isées et contenues, choisi r d'attendre, c'est être au bord de l'explosion et cela impose une rigueur et un contrôle quasi permanent à l'intérieur d'un espace qui n'est pas juste un corps, et encore moins une prison. Attendre à l'intérieur d'une épaisseur collective, une foule de personnes chacune en rétention. La seule question sera lequel aura la force de franchir la limite qu'il s'est luimême imposée.


L'espace a une limite mais le corps en a une aussi : son éternel désir de contact.


HERVE SIKA

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