Les Bricoleurs d'Avenir # 1, l'avis d'une spectatrice

 

(Commentaire illustré avec les photographies d'Enrico Bartellucci)

 

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J'espère sincèrement que vous pourrez continuer cette aventure, car la réunion de ces différentes disciplines, de ces différents univers et personnes qui y sont associées ont donné une forme hybride vraiment passionnante. Reste à savoir si vous aurez l'occasion de créer un spectacle à partir de ce "premier jet " au WIP ou ailleurs. Mais ce serait tellement bien si vous aviez la possibilité de le créer, ce spectacle !

2010 016 0409 3786Le WIP serait bien sûr idéal, en tant qu'espace polyvalent et lui-même hybride. Vous avez, à mon sens, exploité toutes les possibilités d'un tel lieu, et nous vous avons volontiers suivi dans les méandres de cette "prison", ce "centre de rétention" :

- avec cet escalier métallique qui résonne encore à nos oreilles, avec des images fortes de votre groupe disposé dans cet espace

- votre image de trio coincé entre 2 colonnes, vous trois à l'étroit qui glissent ensuite, vous échappent vers un plus grand écran mais pour replonger dans une réalité encore plus violente : l'extrait du JT...

- le duo Elsa/Fanny coincées pour de vrai entre 2 colonnes également, qui se battent pour un espace exigu, avec les notes de musique, la voix, le corps

 - le traitement du monologue de la réfugiée au début, retenue, prisonnière d'un no man's land, qui est d'autant plus fort qu'il a lieu sur l'espace le plus grand et le plus nu de tous les espaces mis à disposition... Un enfermement à ciel ouvert, sans barreaux, aux yeux de tous... Cette image de la "rétention", des réfugiés, des clandestins, est ici tragique mais elle l'est d'autant plus que l'art prend le relais pour la mettre encore davantage en valeur, cette tragédie... Pire que le JT qui est notre quotidien finalement.
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Tous nos sens ont été mobilisés, et de différentes manières : nous avons un peu "erré" entre ces espaces, nous avons été "entre-deux" nous aussi, et "border line", au bord de vos univers ; nous avons des images indélébiles en nous, et puis des sons, des chants, des notes, des rythmes, des mots.


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Est-ce qu'il y avait assez de mots d'ailleurs ? Est-ce qu'on peut explorer un tel thème en incluant davantage de moments parlés, qui dévoileraient davantage de personnages parfois, ou d'histoires ? Comment traiter de l'immigration, de la "rétention" et de tout ce qui en découle, sans tomber dans le politique consensuel et pseudo-subversif ? Car ces thèmes-là nous sont familiers, simplement ils ne nous sautent plus aux yeux. Car c'est notre quotidien.

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Mais l'art est là pour nous montrer la vie sous un autre éclairage. L'art, le "divertissement", du latin divertere, "détourner" : l'art qui semble détourner notre regard de la réalité pour qu'elle nous apparaisse vraiment.


Et je trouve que cette restitution nous montrait bien toutes les possibilités de "détournement" justement... Tout en gardant une note gaie pour la fin, inévitable soupape pour ces thèmes si tragiques. Nous avons pu voir dans ce mouvement choral de la fin toute l'ampleur de l'énergie qui vous a animé pendant ces jours de création en commun. C'était palpable.

 

Julia Douny,

La Compagnie RAZNO.

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